Je rêvais de chaleur, de mer turquoise : Thaïlande, Ile Maurice, République Dominicaine alors quand on m’a proposé de partir découvrir la Laponie j’ai eu besoin de quelques minutes pour bien comprendre… La Laponie ? L‘endroit où l’on troque son maillot de bain et son paréo au profit de moufles, écharpe, bonnet ? Le pays du Père Noël, des aurores boréales, le cercle polaire Arctique ? Oui, c’est bien ça, la Laponie et Finlandaise en plus ! Ok, je prends sur moi, question température je sais que je vais avoir froid… Mais au fait, pour découvrir la Laponie, faut-il être sportif ? Ce n’est pas vraiment le caractère qui me définit le mieux.
« Miroir, mon beau miroir » : dis-moi où se situe la Laponie… La Laponie est un territoire sauvage aux contours mystérieux se situant au nord du cercle polaire arctique. Elle s’étend sur 4 pays : Norvège, Suède, Finlande et Russie sur la Péninsule de Kola. On retient communément que Rovaniemi en est sa porte d’entrée. Quand on part en Laponie, il convient donc de préciser laquelle. |
Et si j’arrêtais de me poser des questions pour tout simplement vivre une nouvelle expérience ? Les jeux sont faits, je sors de ma zone de confort et je fonce !
Jour 1 : Kittila me voilà
Début mars, j’ai rendez-vous à l’aéroport de Paris Orly pour le départ en direction de Kittila en Finlande, à 170 kilomètres au nord du cercle polaire arctique.
Mon astuce pour passer le temps au terminal : essayé de chercher dans les passagers quels sont ceux qui partent en Laponie. Indices : grosses chaussures au pied, et anoraks de rigueur, on se reconnait facilement !
L’arrivée après 4h de vol, me plonge directement dans le bain : direction la boutique de sports d’hiver pour récupérer mon équipement grand froid. De toute façon c’est indispensable, avec ma banale paire de baskets, je ne tiens pas debout, toutes les routes sont recouvertes de verglas, il me faut des chaussures dignes de ce nom, sinon mon col du fémur ni résistera pas ! Lapland Safari me fournit une paire de boots, 2 paires de chaussettes en laine, une paire de moufle et enfin une combinaison isotherme. De mon côté j’ai prévu des sous-vêtements en thermolactyl, sous-gants et sous chaussettes en soie, bonnet, écharpe et quelques pulls. Me voilà équipée pour mon séjour. Au final, habillée et chaussée avec le bon matériel le froid est tout à fait supportable. Les jours suivants je vais apprendre que pour s’équiper correctement il faut un peu de temps, compter 10 bonnes minutes de plus sur votre temps d’habillage le matin.
Je ne m’étendrais pas plus sur mon look pendant cette escapade, le grand froid ne rime pas classe et élégance…
Mon lieu de séjour sera à Levi, seulement à 15 minutes de route de l’aéroport. Ce village à taille humaine est en fait la plus grande station de sports d’hiver du pays. Les pistes de skis d’étendent au pied du Mont Lévi qui culmine à 708 mètres.
Après l’installation à l’hôtel, direction le restaurant pour une de mes première découverte culinaire : le jus de baies chaud en apéritif. Une multitude de baies pousse en Finlande, la plus cotée est la « mûre des marais ». Bon et réchauffant !
Santé/ tchin tchin en Finnois se dit « Kippis »
Moyen mémo-technique pour le retenir : « Qui boit, Kippis » !
« Et Dieu… créa » : l’armoire chauffante ! Ma plus belle découverte technique sur place a été cet accessoire qui meuble de façon imposante ma chambre d’hôtel. De premier abord, il s’agit pour moi d’un simple gadget. Mais au retour à l’hôtel après une première journée passée à l’extérieur, je constate que déposer toutes ses affaires gelées : bottes, combinaison, gants etc… lancer le séchage et les retrouver quelques heures après toutes chaudes, c’est juste du bonheur ! Je salue une nouvelle fois l’esprit pratique des Finlandais qui poussent le vice avec des poignées chauffantes sur les motoneiges… |
Jour 2 : élevage de rennes et chiens de traineaux
Partir en Laponie rime avec la découverte du peuple Same, ancien peuple nomade scandinave aujourd’hui sédentarisé. Ce sont les Sames qui entretiennent les traditions et élèvent les rennes. Direction l’extérieur de Lévi pour découvrir l’un de ces élevages.
Ne jamais demander aux Sames combien ils ont de rennes dans leur troupeau. C’est très mal poli, ça revient à vous demander combien vous gagnez tous les mois.
La rencontre avec cette famille Same est un moment touchant. Je suis accueillie par une maman et sa fille en habits traditionnels. Les rennes sont élevés en liberté, une partie du troupeau est dédiée à la nourriture et l’autre partie est domestiquée pour proposer des balades en traîneau.
Quoi de plus normal en Laponie que de faire une balade en traîneau tiré par les rennes ? C’est fait ! Cerise sur le gâteau, j’ai reçu mon permis de traîneau, valable pour ces 5 prochaines années.
La viande de renne est omniprésente dans l’alimentation des Finlandais : en ragoût, en soupe et même en saucisson. Ces derniers se trouvent en supermarchés sous vide, donc très pratiques à rapporter en France.
J’ai aussi perfectionné mon lancer de lasso ! Incroyable. Les rennes vivent en liberté dans la nature, quand il est nécessaire d’en attraper un, on sort le lasso.
La deuxième partie de la visite se passe du côté de l’enclos des petits. J’entre à l’intérieur avec des écorces et de la mousse et les petits se précipitent pour recevoir leur ration. Attention parents, si vous venez avec vos enfants, vous risquez fort d’avoir du mal à rentrer à la maison sans bébés rennes dans vos valises…
Une boisson chaude et des sablés traditionnels me sont proposés par la famille à l’intérieur de leur maison. J’ai vraiment l’impression d’être reçue à la maison par des amis de longue date.
Cette journée est la journée dédiée aux animaux. Je quitte les rennes pour la ferme de huskys. Cette fois, après avoir été passagère dans le traîneau du Père Noël, j’entre en action et je deviens musher, comprenez : pilote d’un traîneau de chiens.
Une formation théorique s’impose, on ne s’improvise pas pilote comme ça. Les chiens connaissent leur fonction du bout des pattes mais charge à moi de veiller à la vitesse pour ne pas renverser le traîneau ni me ou mettre les chiens de danger.
Pour groupe de 2, j’embarque dans mon traîneau : un passager au chaud sous sa couverture qui prendra les photos et un pilote : interdiction formelle de lâcher les mains du traîneau !
Waouh, le traîneau est lancé au galop, au milieu de la taïga (forêt boréale composée en majeur partie de conifères). A mi-parcours un changement de musher se fait. Il est possible de choisir la durée de cette activité, de la journée entière à une simple initiation pour une balade d’environ 6 kilomètres. Une fois encore, ce sont les paysages, la beauté sauvage et la communion nature / homme animaux qui l’emporte.
Rendez-vous sous la kota après la pause photos / câlins avec les chiens. Jus de baies et petits gâteaux m’attendent pour partager avec les propriétaires une découverte plus approfondie de leur métier.
Deux belles activités de plein air avec les animaux emblématiques de la destination.
« J’irais faire un tour du côté de » : ma kota ! La kota est une tente traditionnelle d’origine Same. Composée de troncs en bouleau, d’une toile recouverte de couvertures en laine ou peau d’animaux elle était présente dans chaque famille. Aujourd’hui, les villages tendent de les conserver. Un foyer y est installé dessous pour notamment faire réchauffer le jus de baies ou cuire des saucisses (dont ils sont très friands). |
Jour 3 : safari en motoneige et pêche blanche
Ma plus belle expérience est sans conteste l’excursion en motoneige. Passé l’appréhension du : « j’vais pas y arriver, j’suis une nana, j’sais pas piloter un engin pareil… au secours ». Tout est grandiose !
Le départ se fait directement depuis l’hôtel avec notre guide. 10 minutes de formation théorique suffisent pour prendre en main l’engin. On me prête en plus de mon équipement de base, un casque pour la sécurité ainsi qu’une cagoule et un cache nez en laine. Bon point pour moi, je n’avais pas oublié mon permis de conduire, obligatoire !
50 kilomètres sous un grand soleil au milieu de paysages à couper le souffle. Cette sensation si forte et intense d’être seule en communion avec la nature. Je vis un moment incroyable, difficilement descriptible : puissance, force, beauté brute. Je traverse des forêts, traverse des lacs gelés à 70 kms / heure. L’émotion me submerge…une larme coule, mauvaise idée, elle gèle instantanément… Rien, pas une maison à l’horizon, pas une voiture… que la nature, la neige. Et si j’étais au bout du monde ? Le paradis blanc !
La randonnée motoneige est entrecoupée d’une nouvelle activité typique : la pêche blanche. J’ai l’habitude de pêcher, la Bourgogne regorge de rivières / ruisseaux, je pars donc confiante avec ma micro canne à pêche sur le lac (ça ressemble fort à un jouet). Oui, mais en Laponie, tu oublies vite tes habitudes, avec le froid tout est différent.
En mars, la couche de glace sur le lac est de l’ordre de 80 cm. Avant de pêcher, faut faire son trou ! Armée d’une chignole je tourne, je tourne la manivelle mais rien, j’ai du m’enfoncer de quoi…5 cm ! On va faire appel à « fée modernité » et la chignole sur batterie me fera mon trou.
Allez zou, installer le ver de terre (congelé, la faute à la température extérieure) c’est du gâteau ! L’attente commence… j’suis pas mal là, installée sur mon petit fauteuil, au calme, avec le soleil qui me chauffe timidement. Mon esprit critique me fait dire qu’avec cette micro canne à pêche, un trou d’à peine 10 cm de diamètre et un ver de terre congelé, cette activité ne ressemblerait-elle pas à un attrape touriste ?
Non, ma guide Clara à côté de moi, bondit de son siège qui se renverse, elle crie : « là, là j’ai une touche ». Elle remonte un magnifique omble des rivières d’environ 25 cm. Bonheur intense, sa première prise, fierté absolue, j’ai partagé ce moment avec elle ! Communion avec la nature et ses éléments, une nouvelle fois. On l’a fait ! Girl power !!! Ni une ni deux, une fois le moment immortalisé, il faut s’occuper du poisson. Il sera mangé préparé, cuit et mangé sur place !
« Le bonheur est » est en Finlande ! Dans une étude très sérieuse, l’ONU vient de désigner pour la deuxième année consécutive la Finlande comme étant le pays le plus heureux du monde. Sans doute que sa nature, sa qualité de vie entre autre y sont pour quelque chose. |
Le retour est prévu pour demain, j’aurais découvert en 2 jours les principales activités qu’offre la Laponie. Mais il me reste le but ultime de mon voyage, ce pourquoi j’ai décidé de me lancer dans cette aventure arctique : les aurores boréales. Visibles environ 200 nuits par an, il faut quand même une part de chance d’où le côté mystique.
J’oublie le froid, je renfile ma combinaison, je superpose sur moi la totalité du contenu de ma valise et je traverse le village à pied avec le guide. Pour optimiser les chances de voir les aurores boréales, il faut s’isoler le plus possible de toute pollution lumineuse, donc fuir le village. On se retrouve au milieu de la nuit dans un froid polaire (ici, l’expression prend tout son sens…) sur les berges d’un lac gelé… moment intense, les yeux plein d’espoir rivés vers le ciel. Viendra, viendra pas ?
Et enfin, un arc de cercle vert pâle apparaît, comme une traînée de fumée. Oui, c’est bien ça une aurore boréale… Les frissons que je ressens dans le bas du dos ? Le froid qui m’envahi ou bien encore une fois l’émotion intense de vivre un moment unique ? Tout à coup, il se passe quelque chose de magique : cette trainée verte qui était statique gagne en intensité, comme des flammes qui s’élèvent dans le ciel, et oui on dirait comme une danse. L’aurore boréale est là, elle danse pour moi, ondule, vibre, ses couleurs changent : plusieurs nuances de verts, du rose… Un spectacle grandiose qui laisse sans voix… Elle partira aussi vite qu’elle est venue, sans crier gare mais me laissant le sentiment d’avoir vécu un rêve éveillé… Magique !
« Il était une fois » : les aurores boréales Pour les Finlandais, en finnois aurore boréale se dit Revontuli qui signifie queue de renard rouge. Les aurores seraient donc dues à un renard arctique qui balaierait la neige avec sa queue. Les Sames de Norvège expliquent plutôt les aurores boréales par les souffles des baleines de l’océan Arctique. Enfin, il se dit que 2000 ans avec J.C, une impératice chinoise avait du mal à concevoir un enfant. La légende dit que quelque jours après avoir vu une magnifique aurore boréales dans le ciel de Chine, elle tomba enceinte. |
Laponie forever
La Laponie est une destination atypique d’où je suis revenue « grandie » et « enrichie » par toutes ces découvertes, ces premières fois.
J’ai eu très peur du froid : j’ai survécu haut la main avec l’équipement prêté et un minimum de préparation personnelle.
Je ne suis pas sportive : j’ai pratiqué toutes les activités proposées sans difficultés, l’encadrement est très présent et professionnel.
Je voulais du chaud, de la chaleur : j’ai réchauffé mon cœur en découvrant un peuple attachant, fier de ses origines et dans le partage de ses traditions.
C’est une vraie expérience de vie qui restera à jamais gravé en moi : les paysages, les sensations, les rencontres et la magie.
Le voyage d’une vie ? Oui sans conteste.
Pour rependre les paroles d’un hit de Patrick Bruel : Laponie : « J’te dis quand même : je t’aime ! »